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Rencontre avec les pêcheurs de légine australe de Kerguelen

Interview
Près d’un an après la certification MSC de la pêcherie de légine australe de Kerguelen (Dissostichus eleginoides), Yannick Lauri président du SARPC, revient sur les bénéfices sociaux, économiques et environnementaux de la pêche durable.

Interview de Yannick Lauri, Président du SARPC (Syndicat des Armements Réunionnais de Palangriers Congélateurs) et Directeur général de la SAPMER

Pourquoi avoir choisi le MSC ?

Parmi la multitude de programmes développés pour les produits de la mer, le Marine Stewardship Council est aujourd’hui le plus reconnu internationalement ; sa notoriété n’est plus à prouver. Ceci implique aussi qu’il est le plus soumis aux critiques, mais il s’impose dans le monde et pour nous comme le programme le plus fiable pour la pêche durable.

Nous sommes rentrés dans le programme MSC avec comme objectif premier de protéger la ressource et parce que nous étions convaincus que nos pratiques étaient exemplaires pour la gestion et l’évaluation du stock de légine.

Quelles sont ces mesures qui assurent la durabilité de la pêche à la légine ?

Depuis 2006, nous avons mis en place des campagnes d’évaluation du stock de légine afin de mieux comprendre la biologie de cette espèce à croissance lente et grande longévité. Il y a, sur tous nos bateaux, des observateurs embarqués qui permettent de récolter des données sur le poids, la taille et l’âge des captures afin d’alimenter notre modèle d’évaluation. Nos campagnes de marquage nous ont par exemple montré que la légine se déplaçait et n’était pas un poisson aussi sédentaire qu’on le croyait.

Ces informations sur la ressource nous ont permis d’adapter nos pratiques de pêche et d’imposer une taille minimale de capture de 63 cm, permettant de laisser les individus non matures se reproduire. Les quotas ont également été fixés de façon à laisser un stock important de géniteurs et assurer le renouvellement de l’espèce.

C’est lors de l’évaluation MSC de la pêcherie que l’organisme de certification, en charge de l’audit, nous a fait remarquer que notre méthodologie d’évaluation des stocks n’était pas conforme aux méthodes de la CCAMLR (Convention sur la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique). Cela nous a donc permis de renforcer notre collaboration avec les autorités, les scientifiques du Muséum d’Histoire Naturelle, les armateurs et la CCAMLR afin d’adopter cette nouvelle méthode d’évaluation.

Enfin, la légine étant un poisson très convoité, la pêche illicite a longtemps été un fléau pour la durabilité de l’espèce. Elle a pu être éradiquée grâce aux importantes mesures de la CCAMLR et des armateurs : en plus d’une surveillance satellitaire, un navire de la marine nationale œuvre 250 jours/an et un bateau de surveillance, financé en partie par les armateurs, tourne 150 jours/an. Au total, cela représente donc 400 jours/an de travail effectif contre la pêche illégale.

Quels bénéfices constatez-vous sur les écosystèmes marins ?

Beaucoup de mesures ont été prises pour réduire la mortalité aviaire, notamment des Pétrels Gris. La légine étant pêchée à la palangre, nous avons travaillé sur la qualité des lignes, sur leur couleur blanche pour ne pas que les oiseaux les repèrent, sur leur lestage et sur leur rapidité d’immersion. Nous avons également collaboré avec des spécialistes de Nouvelle-Zélande afin d’améliorer nos banderoles d’effarouchement des oiseaux puis nous avons participé au financement de campagnes de comptages d’oiseaux sur terre. Toutes ces mesures ont permis de réduire les captures accidentelles d’oiseaux de plusieurs milliers à moins d’une centaine par an.

Nous continuons aussi à concentrer nos efforts sur les orques, grands prédateurs de légine dans les eaux de Kerguelen et Crozet. Nous travaillons avec le CNRS de Chizé pour identifier les zones où des orques ont été repérés, pour adapter nos techniques de pêche et veiller à ce que les orques n’aient pas le temps de manger les captures.

Comment les pêcheurs ont-ils vécu l’obtention de la certification MSC ?

Cette certification, c’est avant tout la reconnaissance du travail des pêcheurs et de leurs bonnes pratiques. Tout comme la population, l’administration et les différents partenaires, les marins se sont approprié la certification MSC, car c’est le seul moyen de montrer qu’ils font les choses proprement.

Cette démarche a également permis de fédérer les équipes et les institutions. Nous étions déjà proches de l’administration des TAAF (Terres australes et antarctiques françaises) et des scientifiques mais nous le sommes encore plus aujourd’hui au bénéfice d’une pêche plus durable, comme le prouve les bons résultats de la dernière campagne d’évaluation Poker 3 menée conjointement.

La certification MSC a également eu des impacts économiques concrets. À l’heure où la légine se vend de moins en moins au Japon, mais toujours aux Etats-Unis, la certification MSC nous a permis d’augmenter notre prix de vente de 1$ par kilo aux USA et nous a ouvert de nouveaux marchés dans le Nord de l’Europe.

Forts de cette expérience, nous pensons poursuivre prochainement notre engagement pour la pêche durable sur d’autres espèces comme le thon.

© SAPMER pour toutes les photos

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Notre approche

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Nous voulons tous des océans vivants. Notre approche encourage chacun à faire le choix de produits de la mer durables pour des océans préserver dans le futur.

Que signifie le label MSC ?

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Le label MSC se trouve sur les produits de la mer provenant de pêcheries durables certifiées.

25 ans d'histoire

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