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Interview Johanna Faure, Lauréate 2020 OSF

« Sans la science, nous ne pourrons pas éclaircir les zones d’ombres pour mieux comprendre les océans », Johanna Faure, doctorante au laboratoire Boréa du Museum National d’Histoire Naturelle à Paris.

Johanna Faure poursuit depuis novembre 2020 une thèse sur la vulnérabilité des raies dans la pêcherie de légine australe à Kerguelen et Crozet dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF). Un projet de recherche soutenu par les TAAF, la Fondation des Mers Australes, et l’Ocean Stewarsdhip Fund (OSF) de l’ONG Marine Stewardship Council (MSC) qui favorise le développement de projets scientifiques et de recherche en matière de pêche durable à travers le monde.  

Sur quel(s) sujet(s) travaillez-vous ?  

J’ai intégré en 2019 le programme d’observation écosystémique des pêcheries australes (POEPA) au sein du laboratoire Boréa (laboratoire de biologie des organismes et des écosystèmes aquatiques) du Museum National d’Histoire Naturelle de Paris (MNHN).  

Mes recherches portent sur les prises accidentelles d’espèces de raies et de requins dans la pêcherie à la légine australe à Kerguelen et Crozet dans les TAAF au sud de l’océan Indien.  

Depuis un an, je travaille sur une thèse qui étudie la vulnérabilité des raies capturées dans cette pêcherie, et qui se terminera en octobre 2023.  

Quel est l’objectif de cette thèse ?  

Pour la partie de recherche fondamentale, l’objectif est d’étudier les populations de raies capturées accidentellement par la pêche. Plus particulièrement, je m’intéresse à trois espèces de raies (Raie taaf, Raie d’Eaton et Raie Irrasa) sur lesquelles nous manquons de connaissances biologiques et écologiques.  

Je collecte donc des données sur ces espèces pour mieux comprendre leur interaction avec la pêche. Elles nous permettront également de préciser l’impact environnemental de la pêche sur la conservation de ces espèces et la biodiversité en général.  

Pour la partie de recherche appliquée, plus opérationnelle, le but est de trouver des solutions concrètes pour réduire les captures accessoires de raies par les navires de pêche. J’ai notamment collaboré (avec la réserve naturelle nationale des TAAF) à l’élaboration d’un guide des bonnes pratiques environnementales à destination des pêcheurs pour minimiser leurs impacts.  

A quel stade de votre recherche en êtes-vous aujourd’hui ?  

En ce moment, je me consacre particulièrement à la biologie des espèces de raies, comme leur régime alimentaire, leur maturité sexuelle, leur fécondité, ou encore leur croissance et leur âge en étudiant leurs cartilages. Autant d’éléments qui permettent à une population de poissons d’être plus ou moins résiliente aux pressions extérieures liées aux activités humaines. Les raies, comme les requins, sont des espèces marines plus vulnérables aux pressions externes que les autres poissons notamment parce qu’elles ont une croissance lente et une maturité tardive, et se reproduisent donc moins vite. 

Quel est votre prochain challenge ?  

Je suis dans une phase dite de modélisation de la ressource qui se base, par exemple, sur l'estimation de la taille des populations, de la mortalité par pêche, de l'habitat des raies etc. Ces aspects me permettront de comprendre l'impact de la pêche sur ces espèces.  

Cette phase dépendra des données scientifiques récoltées et des résultats sur la biologie des raies. C’est donc une étape exploratoire qui prend du temps et qui est très challengeante !  

Ainsi, si nous n’avons pas assez d’informations sur l’âge des raies, il nous manquera une donnée pour comprendre leur croissance. Il existe d’autres moyens pour y arriver : il faudra s’intéresser à d’autres espèces marines similaires et émettre des hypothèses de croissance à partir de ces dernières – mais cela rajoute de l’incertitude à la science ! 

Quelle(s) évolution(s) espérez-vous voir dans le domaine de la science appliquée aux océans ?   

J’aimerais voir un peu plus de reconnaissance pour les scientifiques et leur travail. La COVID a levé le voile sur un point important : on ne fait pas assez confiance aux scientifiques dans le débat public. C’est dommage car sans la science, nous ne pourrons pas éclaircir les zones d’ombres pour mieux comprendre les océans, et nous en avons besoin ! 

En science, il faut également comprendre que nous ne cherchons pas le consensus. Ce sont les débats qui font avancer la science, c'est comme ça que cela fonctionne. Si nous étions tous d'accord, nous n'irions pas dans la bonne direction. C'est la diversité des points de vue scientifiques qui nous fait avancer. Chacun apporte sa pierre à l'édifice.  

Enfin, il y a un point en particulier qui mérite d’être mis en lumière à l’avenir : la vérité n’est vraie qu'à un moment T ; elle évolue en science d'un jour à l'autre, notamment en biologie et en médecine.  

D'où vient votre passion pour les océans ?  

J'ai grandi au bord de la Méditerranée et je suis passionnée par les océans et la plongée. Il était naturel pour moi de m'orienter vers des études en sciences marines.  

J’aime particulièrement étudier la façon dont les prédateurs dans les océans interagissent avec leur environnement, leurs proies et l'homme. J'ai découvert les sciences halieutiques au cours de mon stage à l’IFREMER à Brest. J'ai été marquée par les échanges que j'ai eus avec des acteurs de secteurs variés, notamment les dialogues entre les scientifiques, les gestionnaires des pêches, les industriels et les pêcheurs. Cela a confirmé ma vocation de travailler dans le milieu des océans.  

Un message à faire passer ?  

Il y a encore beaucoup de travail mais nous n'avons pas perdu la bataille contre le changement climatique. N'abandonnez-pas et croyez en vos convictions ! 

Johanna Faure est diplômée d’un Master en Sciences de la mer, parcours Océanographie Biologique et Ecologie Marine de l’Université d’Aix-Marseille à Marseille et spécialisée dans l’étude de la biologie et la dynamique des populations marines. Pendant son stage de master elle avait déjà étudié la pêcherie de légine australe à Crozet et collaboré avec le programme d’observation écosystémique des pêcheries australes (POEPA) du Museum National d’Histoire Naturelle de Paris (MNHN) en se concentrant sur les interactions entre la pêcherie et la population d’orques de Crozet

 

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