Communiqués de presse

• Engagées contre la surpêche, les ONG MSC et WWF se mobilisent en Méditerranée avec les scientifiques, les pêcheurs artisanaux et leurs représentants pour améliorer les connaissances sur la biodiversité marine.
• Depuis 2015, plus de 17 nouvelles actions de durabilité basées sur la science sont mises en œuvre pour inciter à une pêche responsable en Méditerranée, grâce à « MEDFISH ».
• Actuellement, un projet de recherche scientifique porté par l’Université de Corse et le CNRS est en cours pour mieux comprendre le denti, une espèce emblématique, et le préserver.

Bastia, Corse - A l'heure où 75% des populations de poissons évaluées en Méditerranée sont surexploitées[1], le Marine Stewardship Council (MSC) et le Fonds Mondial pour la Nature (WWF) accélèrent les initiatives de collecte de données scientifiques afin de mieux connaître la biodiversité et co-créer des actions de durabilité avec des acteurs clés du secteur de la pêche artisanale (scientifiques, universités, pêcheurs, comités des pêches, organisations de producteurs, responsables d’Aires Marines Protégées, gestionnaires etc.). Face à la surpêche, les deux ONG sont mobilisées depuis 2015 en Méditerranée pour inciter à l’adoption de pratiques de pêche durable, à travers leur projet « MEDFISH ».

Acquérir des données scientifiques pour mieux gérer la pêche artisanale en Méditerranée

Plus de 80% de la flotte française en Méditerranée pratique la pêche artisanale, et plus de la moitié des emplois liés à la pêche se concentrent dans cette filière. La science joue un rôle majeur pour sauvegarder la biodiversité marine et renforcer la résilience de ce secteur. Néanmoins, en Méditerranée, la pêche artisanale ne dispose pas de suffisamment de données scientifiques suffisantes sur la biologie des espèces marines, l’état des populations de poissons, et l’impact environnemental de la pêche pour développer une gestion durable.

C’est pourquoi, depuis 2015, les ONG MSC et WWF sont associés à travers le projet « MEDFISH » pour mettre en place des plans de durabilité en Méditerranée. L’objectif est d’analyser la durabilité de pêcheries[1] artisanales méditerranéennes, en utilisant de façon innovante le référentiel environnemental de l’ONG MSC, basé sur des critères scientifiques, comme outil d’évaluation de la durabilité des pratiques de pêche.

Depuis son lancement :

• « MEDFISH » a cartographié 100 pêcheries françaises et espagnoles, dont 50 en France sur lesquelles 9 ont été évaluées par des experts indépendants. Ces pêcheries ont été accompagnées pour identifier leurs forces et points d’améliorations dans leur chemin vers la durabilité.
• En France, « MEDFISH » a impulsé plus de 17 actions de durabilité sur le terrain sur l’ensemble des pêcheries méditerranéennes sélectionnées dont 5 actions qui concernent la collecte de données scientifiques sur des populations de poissons ciblées.  
• Avec « MEDFISH », le MSC et WWF ont fédéré plus de 20 structures locales et nationales du secteur de la pêche artisanale comme par exemple les comités régionaux des pêches ou les prud’homies pour accélérer la durabilité en misant sur la coopération.

« L’état actuel des ressources en Méditerranée, lié notamment à une surexploitation des stocks halieutiques, suscite de réelles inquiétudes. Le projet Medfish nous permet de travailler avec les petites pêcheries artisanales pour optimiser leur durabilité, afin d'assurer la préservation des ressources halieutiques et le respect de l'écosystème marin, assurant ainsi la pérennité de la filière petite pêche. », explique Arnaud Gauffier, Directeur des Programmes au sein de l’ONG WWF France.

Vers une évaluation scientifique pour préserver le denti en Corse

« Medfish met sur la table les défis importants à relever pour la pêche artisanale en Méditerranée, dont la majorité concerne le manque de connaissances scientifiques sur les stocks halieutiques. L’état des ressources marines en Méditerranée est très peu étudié. Or, la science joue un rôle essentiel pour garantir une gestion durable des stocks de poissons. L’équilibre socio-économique de nombreuses communautés dans le monde en dépend. », déclare Caroline Gamblin, Responsable des Pêcheries et Ingénieur Halieute au sein de l’ONG Marine Stewardship Council (MSC) France.

« A travers Medfish, l’ensemble des connaissances existantes sur le denti en Corse ont été mises en avant, en servant de base solide au plan d’amélioration de la pêcherie, et ont permis plus largement de promouvoir des mesures de gestion globale pour l’espèce. » précise Eric DURIEUX, enseignant-chercheur spécialisé en écologie halieutique à l’Université de Corse.

En outre, la pêcherie de denti à la palangre en Corse mène depuis 2021 un projet de recherche scientifique « DENTALE » qui vise à encore mieux quantifier la population de denti dans les eaux corse, en utilisant les données existantes sur la biologie de l’espèce et son exploitation par la pêche. L’objectif : définir des niveaux d’exploitation durable afin de limiter l’impact environnemental de la pêche au denti en Méditerranée. Soutenu par le Fonds d’Appui pour la Pêche Durable de l’ONG MSC et la fondation MAVA, le projet « DENTEX DATA FIN » complète le projet « DENTALE » et permettra de développer pour la première fois en Méditerranée un modèle d’évaluation du stock de denti.

Ce projet scientifique, porté par l’Université de Corse et le CNRS, constitue l’une des actions prioritaires identifiée par « MEDFISH » pour la pêcherie de denti afin qu’elle puisse réussir sa transition vers la durabilité. La pêcherie est engagée dans le projet « MEDFISH » depuis 2016. 

La collecte de données scientifiques sur les populations de poissons est difficile à mettre en œuvre dans la pêche artisanale en raison de la diversité d’espèces ciblées par ce secteur. Seulement 64 populations de poissons sur 243 font l’objet d’une évaluation scientifique en Méditerranée et Mer Noire[1]. Or, l’acquisition de données est clé pour approfondir les connaissances sur les espèces marines exploitées et leurs écosystèmes, et définir des objectifs réalistes de gestion de la pêche, basés sur la science.