« Seule la coopération mondiale en matière de pêche durable permettra de relever les défis de la sécurité alimentaire », assure Nicolas Guichoux, directeur des programmes de l’écolabel MSC, alors que s’ouvre à Nice ce lundi 9 juin la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc).
Les dirigeants du monde entier se réunissent à Nice à l’occasion de la Conférence des Nations Unies sur l’océan (Unoc), dans le but de faire progresser l’agenda mondial pour la protection des océans et la biodiversité marine.
Ce rassemblement intervient à un moment critique : les effets néfastes du changement climatique continuent de déstabiliser les communautés et les écosystèmes à l’échelle mondiale, alors même que la coopération internationale devient de plus en plus complexe et fragile.
Parallèlement à ces menaces persistantes, l’impératif de nourrir la planète se renforce. Selon le Programme alimentaire mondial, 343 millions de personnes dans 73 pays souffrent d’insécurité alimentaire grave. Dans les économies développées, beaucoup ont modifié leur alimentation pour des produits moins chers et souvent moins nutritifs – en partie en raison de la crise persistante du coût de la vie. Avec une population mondiale qui devrait atteindre 10 milliards d’habitants d’ici à 2050, ce constat ne va faire que s’aggraver.
La nourriture du futur
Face à cette urgence, il est nécessaire de repenser en profondeur nos systèmes de production et de répartition des denrées alimentaires. Une première piste est de faire des aliments d’origine aquatique le pilier de ce nouveau système alimentaire mondiale plus durable et plus sûr.
En effet, alors que les océans, les rivières et les lacs couvrent 71 % de notre planète, ils ne fournissent que 5 % de notre alimentation, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Et pourtant, pour citer la toujours la FAO, les aliments d’origine aquatiques sont la « nourriture du futur » : ils représentent une solution clé face à l’insécurité alimentaire grâce à leur richesse nutritionnelle, leur faible empreinte écologique par rapport aux autres protéines d’origine animale et aux revenus qu’ils apportent à des millions de personnes dans le monde.
Cependant, cette « transformation bleue » doit être abordée avec prudence. La demande mondiale de produits de la mer devrait doubler d’ici à 2050, et un développement non maîtrisé pourrait avoir des conséquences négatives pour les populations comme pour la planète.
Plus d’un tiers des populations de poissons de la planète sont surexploitées
Le principal risque reste la surpêche : plus d’un tiers des populations de poissons de la planète sont surexploitées et la situation, souvent dans les pays du Sud, empire.
Pour développer les aliments d’origine aquatique durablement, il faut réconcilier production et protection des écosystèmes. Cela requiert une action coordonnée afin de garantir que les pêcheries opèrent de manière responsable et en accord avec les recommandations scientifiques. La certification est une des réponses à développer et encourager.
Les gouvernements ont un rôle crucial à jouer, en mettant en place des politiques solides qui soutiennent les pratiques durables, en imposant des quotas et en luttant contre la pêche illégale. Une réglementation fondée sur la science et une gouvernance efficace sont essentielles pour protéger la biodiversité marine tout en assurant un approvisionnement alimentaire pérenne.
Science et responsabilité partagée
La gestion des populations de poissons sauvages, espèces souvent mobiles et soumises à de nombreux facteurs environnementaux externes – est intrinsèquement complexe. Elle nécessite un engagement à long terme et une coopération transfrontalière, fondés sur la science et la responsabilité partagée.
Face à l’instabilité mondiale, la collaboration en matière de pêche durable est plus nécessaire que jamais. La Conférence des Nations Unies sur l’océan constitue une occasion clé de reconnaître le rôle central des aliments d’origine aquatique dans la lutte contre la faim et pour le développement durable. C’est maintenant le temps de l’action, fondée sur la science, encadrée par des réglementations solides et portée par une coopération mondiale.