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Depuis des années déjà, les pêcheurs de Zélande voient les stocks de poissons diminuer. Mais baisser pavillon au moindre écueil n’est pas zélandais. Forts de leur esprit d’entreprise et de leur profonde connaissance de la pêche, les Zélandais font aujourd’hui figure de pionniers dans la transition alimentaire. Déjà réputés pour leur récolte durable de moules et d’huîtres, ils ouvrent désormais aussi la voie en matière d’aquaculture et de pêche d’autres espèces durables. Des exemples qui suscitent l’intérêt jusqu’au-delà des frontières.

Comme beaucoup de Zélandais, Adri Bout vient d’une famille de pêcheurs : son père était pêcheur et ses frères ont eux aussi rejoint l’industrie de la pêche. C’est donc en première ligne qu’il a assisté au recul des stocks de poissons dans la mer du Nord. Un déclin qui l’a poussé à réfléchir. « Si nous voulons continuer, d’ici quelques dizaines d’années, à profiter de tout ce que la mer a à nous offrir, nous devrons compléter la pêche sauvage avec du poisson d’élevage », explique ce précurseur de 65 ans.
C’est avec cette conviction en tête et des envies de durabilité au cœur qu’Adri s’est lancé dans son projet, au milieu des années quatre-vingt-dix. Aujourd’hui, il combine, au sein de son entreprise Seafarm, un élevage innovant de turbot et la pêche durable de couteaux de mer. Son fils, Dave, est entre-temps directeur et copropriétaire de l’entreprise, tandis que sa fille, Judith, est gérante du restaurant de fruits de mer où sont proposés les produits de la pêche et de l’aquaculture durables.

À l’image d’Adri, d’autres Zélandais entreprenants ont aussi la volonté d’innover et de rendre le poisson dans nos assiettes plus durable. Parmi eux, Kees Kloet, fondateur de Kingfish Zeeland BV, la première ferme aquacole de Yellowtail Kingfish au monde disposant de la certification ASC. Le Yellowtail de Zélande se caractérise par une bande jaune sur le corps et une queue également jaune. Ce poisson est déjà utilisé par plusieurs chefs en guise d’alternative au thon rouge et thon albacore, victimes de surpêche dans de nombreuses régions. Le Yellowtail de Zélande se prête notamment parfaitement à la réalisation de sushis, mais aussi à la cuisine italienne. Si l’espèce est encore relativement peu connue aux Pays-Bas et en Belgique, Kees Kloet est bien décidé à changer les choses. Avec déjà une première victoire : l’ajout du Kingfish comme produit régional zélandais dans les rayons du supermarché Albert Heijn, sous le label Streeckgenoten.

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De retour chez Adri Bout et sa Seafarm, premier éleveur de turbot au monde, nous découvrons son impressionnante installation verticale, dans un hangar sur le quai, où il a réuni les conditions idéales pour l’élevage de ses poissons. Chaque année, ce sont près de cent tonnes de turbots qui en sortent. Ce poisson plat se prête bien à l’aquaculture, a une chair savoureuse et un prix correct. « J’ai passé des années à peaufiner chaque détail : la bonne alimentation, la qualité de l’eau, le courant, la reproduction… Nous avons tout expérimenté et étudié nous-mêmes, avec des hauts et des bas », nous confie Adri. Actuellement, la ferme aquacole est en cours d’obtention de la certification ASC récompensant l’aquaculture responsable.

La pêche de couteaux de mer pratiquée par Seafarm affiche depuis 2012 la certification MSC. Les couteaux sont pêchés dans la zone du Voordelta, une zone naturelle protégée le long de la côte zélandaise. Ce coquillage, très peu consommé aux Pays-Bas et en Belgique, est très prisé dans le sud de l’Europe. Les couteaux de Seafarm sont pêchés de façon durable, en perturbant le moins possible la nature. De l’air est ainsi injecté dans le sol, faisant ressortir les coquillages poussés par les bulles d’air. Les couteaux de petite taille sont rejetés à la mer pour pouvoir poursuivre leur croissance.

Par leur esprit d’entreprise, les pionniers zélandais tels qu’Adri et Kees offrent non seulement un avenir aux familles de pêcheurs des environs, mais aussi un bel exemple au reste du monde. La région au sud du barrage de l’Escaut oriental attire les entrepreneurs d’Espagne, de Corée du Sud et de Chine, curieux de voir de leurs propres yeux les innovations qui y sont mises en place.

Adri Bout : « Nous observons le mode de fonctionnement de la nature ; son efficacité nous sert de fil rouge, car elle nous montre comment les choses doivent se faire. C’est mon intime conviction. » Si les poissons de ses élevages se portent aujourd’hui à merveille, le processus n’est pas pour autant terminé. « La durabilité et l’innovation sont des processus continus », ajoute Adri. « Nous sommes actuellement en train d’apporter des améliorations en vue de réduire nos besoins en énergie et en matières premières.»

Nourrir la planète ne pourra pas se faire sans la pêche durable. Parallèlement, afin de réduire la pression sur les stocks marins, le poisson que nous consommons devra aussi de plus en plus provenir de fermes aquacoles gérées de façon responsable. En achetant du poisson, des coquillages et des crustacés portant le label ASC ou MSC, vous contribuez, en tant que consommateur, à l’innovation durable et continue de l’industrie de la pêche et de l’aquaculture. Pour que nos enfants et petits-enfants puissent eux aussi profiter des délices de la mer.

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