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Une pêcherie d’empereur de Nouvelle-Zélande obtient la certification MSC

Au terme d’une évaluation scientifique et tierce-partie menée par des auditeurs de MRAG Americas et des experts scientifiques indépendants, la pêcherie* d’empereur de Nouvelle-Zélande portée par le Groupe Deepwater** obtient aujourd’hui la certification MSC. Elle prouve que les trois stocks d’empereur sur lesquels elle opère sont en bon état, qu’elle a un impact faible et maîtrisé sur les écosystèmes et qu’elle est gérée efficacement pour assurer sa durabilité sur le long-terme.

La Nouvelle-Zélande abrite les plus grandes pêcheries d'empereur au monde, capturant au total environ 80% des volumes de cette espèce pêchés dans le monde. Aujourd'hui, la pêcherie néo-zélandaise du Groupe Deepwater, opérant au chalut de fond sur trois stocks d’empereur évoluant dans des zones distinctes (ORH3B Northwest Chatham Rise, ORH3B East & South Chatham Rise et ORH7A) obtient la certification MSC pour ses pratiques de pêche durable dans ces zones. Grâce à cette certification, ce sont donc 60% des captures totales d'empereur pêchées en Nouvelle-Zélande qui le sont durablement au terme d’un long processus d’amélioration des pratiques de pêche ; les 40% des captures restantes sont prélevées par des pêcheries qui ne sont pas engagées dans le programme volontaire du MSC.

Seuls les empereurs capturés par la pêcherie portée par le Groupe Deepwater peuvent donc porter le label MSC. L’empereur de cette pêcherie est vendu en filet et sans peau, frais ou congelé, la majorité des débarquements étant exportée en filets congelés aux USA (80%) et en Australie (14%).

La certification MSC est aujourd’hui une assurance de la surveillance continue de la durabilité de cette pêcherie et de ses progrès constants. Rappelons que la certification est accordée pour une période de 5 ans au cours desquels des audits annuels sont conduits.

MSC, une certification basée sur l’étude scientifique des impacts

Une pêche durable permet de garantir un juste équilibre entre préservation des ressources environnementales et exploitation des produits de la mer. Le MSC a une approche scientifique et écosystémique de la pêche durable : lorsqu’une pêcherie entre dans son programme d’évaluation, des auditeurs et experts scientifiques indépendants analysent l’impact de son activité de pêche sur l’écosystème dans sa globalité ; c’est à dire sur la population de poisson ciblée, sur les autres espèces qui pourraient être impactées (poissons, requins, mammifères marins, etc.), mais aussi sur les habitats et les fonds marins.

Toute activité de pêche, quelle qu’elle soit, à la ligne, au casier ou au chalut a un impact ; mais cet impact est différent d’un engin à l’autre, d’un écosystème à l’autre, d’une espèce à l’autre et d’un mode de gestion à l’autre. Une espèce comme l’empereur de Nouvelle-Zélande (Hoplostethus atlanticus) vivant en profondeur (entre 800 et 1600m), ayant une croissance plus lente et une durée de vie plus longue sera analysée en tenant compte de ses spécificités biologiques.

Le résultat d’une procédure d’évaluation participative

L’évaluation de cette pêcherie a duré deux ans et a été menée par l’organisme de certification indépendant MRAG Americas et des experts scientifiques. Les parties prenantes intéressées ont eu plusieurs opportunités d’apporter leurs connaissances et commentaires tout au long de ce processus. En fin d’évaluation, et dans le cadre de notre procédure formelle d’objections, plusieurs inquiétudes ont été soulevées par des organisations environnementales. Elles ont été revues et considérées en détail selon un cadre ordonné et transparent par un Juge Indépendant. 

Ce dernier, M. Eldon Greenberg, est un expert juriste, expérimenté en pêcheries, droit et médiation, et connaissant le Référentiel et la Méthodologie d’évaluation du MSC. Après étude des objections et entretien avec chacune des parties, il a publié sa décision de suivre les recommandations de MRAG Americas en faveur d’une certification MSC de la pêcherie d’empereur, en expliquant les raisons de ce choix (voir explications sur le site du MSC).

Précisons que le processus d’objection a pour objectif de juger si les notations accordées à la pêcherie pendant l’évaluation sont cohérentes et en accord avec le Référentiel Pêcheries du MSC. La procédure d’objections offre un cadre d’analyse indépendante des préoccupations soulevées par les parties prenantes.

Précisons, enfin, que cette certification concerne une pêcherie d’empereur de Nouvelle-Zélande et non l’ensemble des pêcheries de cette même espèce. En effet, toutes les pêcheries d’empereur ne présentent pas les mêmes conditions d’exploitation, écosystèmes et états des stocks. Ne les confondons pas. Par exemple, la Commission Européenne a interdit la pêche de l’empereur d’Atlantique Nord-Est depuis 2010. 

Contact : Stéphanie Poey - Responsable Communication MSC France - [email protected]

En savoir plus : Les points clés de la certification portée par le Groupe Deepwater en Nouvelle-Zélande

  • Un travail de longue haleine

Cette certification est le fruit des progrès accomplis par la pêcherie depuis qu’elle a engagé une pré-évaluation MSC en 2008. Cette étape préalable à la certification, lui a permis de mettre en lumière les améliorations à réaliser pour être durable et de développer un plan de progrès avant d’entrer en évaluation complète. Dans le cas de la pêcherie portée par le Groupe Deepwater, la certification MSC est, donc, une reconnaissance de plus de 20 ans de travail d’améliorations de la gestion de la pêche et d’innovation scientifique.

 « Notre approche de gestion a été largement modifiée depuis les premières années et est maintenant très précautionneuse. Pour assurer la productivité sur le long-terme de cette pêcherie – pour 100 empereurs adultes évoluant dans les eaux de Nouvelle-Zélande, nous en capturons moins de cinq par an, laissant au minimum 95 d’entre eux afin d’assurer le renouvellement du stock pour le futur », commente George Clement, Directeur Général du Groupe Deepwater, organisation représentant les principaux détenteurs de quota en eaux profondes de Nouvelle-Zélande. 

C'est grâce à cette approche que les trois stocks d’empereur sont aujourd’hui en bonne santé, maintenus à des niveaux cibles.

  •  Des zones protégées

En Nouvelle-Zélande, 30% des fonds marins sont interdits au chalutage, une superficie 4 fois plus grande que le territoire néo-zélandais. Chaque année, moins de 0,03% de la Zone Economique Exclusive de Nouvelle-Zélande est chalutée pour la pêche de l'empereur, les pêcheurs repassant sur les mêmes traits de chalut. On estime qu’entre 60 et 90% de l'habitat de l’empereur au sein des 3 aires d’évaluation n'est pas soumis à la pêche.

  •  Une interaction avec les coraux limitée

Le chalut de fond est un engin dont l'utilisation non maîtrisée peut avoir un impact négatif sur les fonds et habitats marins. Le gouvernement néo-zélandais fournit une cartographie complète du chevauchement des pêcheries d’empereur dans les trois unités d'évaluation avec les distributions observées des espèces de coraux protégés (à partir des données d'observation) et modélisées (à partir de modèles de convenance des habitats). Cette analyse concerne les coraux noirs (Antipatharia spp.), les coraux gorgones (Gorgonacea spp.) et les coraux durs (Scleractinia spp.), protégés par la Loi sur la faune de 1953. La législation nationale en Nouvelle-Zélande impose des mesures et des politiques fortes pour minimiser les interactions entre pêcheries et coraux, comme des zones fermées à la pêche (zones de protection benthique) et des traits de chalut limités. Sur la zone où opère la pêcherie d'empereur aujourd'hui certifiée, l’interaction entre les coraux et les zones de pêche est très limitée.

  •  Une surveillance scientifique poussée

Depuis plusieurs années, la pêcherie adopte une approche scientifique pour adapter au mieux ses pratiques. Elle utilise notamment de nouvelles techniques scientifiques pour évaluer le nombre d’empereurs. Un Système Acoustique Optique mondialement reconnu, capable de surveiller l’empereur en direct à une profondeur de 1000m, a été développé suite à un effort collaboratif avec l’Organisation de la recherche scientifique et industrielle du Commonwealth (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation (CSIRO)). Cette technologie innovante aide à s’assurer que la gestion de ces pêcheries est basée sur les meilleures données scientifiques et est réactive aux évolutions des conditions. Le recueil de ces données scientifiques permettra, ainsi, de suivre de très près l’un des stocks (ESCR) dont la biomasse se situe au-dessus du seuil limite. L’objectif est qu’elle atteigne un niveau optimal ou Rendement Maximal Durable, comme c’est le cas pour les deux autres stocks.

En plus des contrôles réalisés par des observateurs embarqués du gouvernement néo-zélandais (20% à 50% des marées couvertes), la pêcherie suivra, tout au long des cinq ans de sa certification MSC, des audits de surveillance annuels permettant de garantir qu’elle continue de répondre aux critères de pêche durable exigés.

  •  Des stocks reconstitués par des efforts conjoints

Dans l’histoire de la pêche à l’empereur en Nouvelle-Zélande, tout n’a pas toujours été durable. La pêche commerciale de cette espèce y a commencé en 1978, et son exploitation a fortement augmenté durant les années 80 jusqu'aux années 90. À ce moment-là, de nouvelles recherches ont montré que l'empereur était en état de surexploitation dans ces eaux. En 1992, les totaux autorisés de capture ont été réduits drastiquement par le Gouvernement néo-zélandais, allant parfois jusqu'à 0 pour permettre aux stocks de se reconstituer. Dans les années 2000, la pêche commerciale a repris en Nouvelle-Zélande.

En partenariat avec le Ministère des Industries Primaires, le secteur de la Pêche en Nouvelle-Zélande a investi massivement pour reconstituer les stocks d’empereur à travers des baisses de captures, parfois réduites à zéro, et une stratégie de captures basée sur un plan de recherche complet et approfondi.

La collaboration entre tous les acteurs du secteur, qu’ils soient publics ou privés, gestionnaires, scientifiques, représentants de la société civile ou de l’industrie, est primordiale pour comprendre les spécificités environnementales d’une pêcherie, du stock et de l’écosystème sur lesquels elle opère.

« Cette certification est une preuve que la collaboration entre les acteurs de l’industrie, les représentants Māori iwi, le gouvernement, les scientifiques et les autres groupes d’intérêt va dans le sens de la santé des stocks de poissons et de leur durabilité. Nous sommes convaincus que récompenser le changement positif, à travers notre programme de certification, montre la voie pour les autres acteurs de la pêche de cette zone», commente Patrick Caleo, Directeur Asie-Pacifique du MSC.

* Une pêcherie : Dans le programme MSC, une pêcherie se définit par une espèce ciblée par un type d'engin de pêche dans une zone géographique précise. 

** Le groupe Deepwater est le porteur de la certification MSC pour cette pêcherie est une organisation représentant les principaux détenteurs de quota en eaux profondes de Nouvelle-Zélande