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La population mondiale ne peut subvenir à ses besoins alimentaires sans la pêche. Pour des milliards de personnes, c'est une source essentielle d'aliments et de revenus. Mais une pêche trop intensive met en danger les écosystèmes sous-marins et avec eux toute la faune et les personnes qui en vivent. Le Marine Stewardship Council (MSC) travaille donc depuis 25 ans à la prévention de la surpêche et la protection de la vie marine. Mais comment le MSC a-t-il vu le jour, que faisons-nous exactement et est-ce suffisant ?

Résultats et ambitions après 25 ans de MSC

À l'origine : un signal alarmant de la nature

1992 Dans les Grands Bancs de Terre-Neuve, Canada, la population de morue décline en peu de temps. 35.000 personnes de plus de 400 villes côtières perdent leur source de subsistance. Le monde entier prend conscience que des années de surpêche menacent la vie dans les océans et la vie des locaux qui en dépendent. Pour le Fonds mondial pour la nature (WWF) et Unilever, c'est le signal d'urgence d'ouvrir un dialogue avec les scientifiques pour lutter et prévenir à tout prix la surpêche. Résultat : en 1997, le Marine Stewardship Council est créé en tant qu'organisation à but non lucratif qui travaille avec des experts scientifique, des organisations environnementales et de l'industrie de la pêche pour élaborer une norme scientifique indépendante pour une pêche durable, qui sera révisée tous les cinq ans. Les pêcheries qui satisfont à cette norme sont autorisées à porter le label bleu de MSC. 

Coup de pouce de Greenpeace

Alors que les produits de la mer labélisés MSC étaient de plus en plus commercialisés, les objections de Greenpeace et d'autres acteurs à l'encontre de l'industrie de la pêche mirent en avant la labélisation pêche durable. Gerard van Balsfoort était alors président de la Pelagic-Freezer Trawler Association (PFA), une association internationale de grandes entreprises de pêche. « La pêcherie de harengs néerlandaise s'est conformée aux règles et pourtant, nous avons été mis à l'index comme exemple flagrant de la surpêche. » La PFA s'est donc tournée vers MSC. L'obtention du label était le meilleur moyen pour les pêcheurs de harengs de prouver qu'ils travaillaient de manière responsable. « Avant le MSC, nous étions un gros poisson - notre pêche au hareng est importante et emblématique et existe depuis le Moyen Âge », explique monsieur Van Balsfoort.

De gauche à droite :

 

Expansion vers le Benelux

Camiel Derichs est la personne avec laquelle monsieur Van Balsfoort devait traiter auprès du MSC. À La Haye, aux Pays-Bas, monsieur Van Balsfoort venait de s'engager dans un travail d'expansion visant à renforcer l'influence et la reconnaissance du MSC et de son label sur le continent nord-européen. Monsieur Derichs porte un regard en arrière. « Nous travaillions dans un petit bureau sur des chaises IKEA. Nous sommes tout de même parvenus à gagner la confiance de deux parties importantes : la pêcherie néerlandaise de harengs et le Centraal Bureau Levensmiddelen, une organisation qui défend les intérêts collectifs des supermarchés et des sociétés de produits alimentaires. » À l'instar des pêcheries, les supermarchés ont également subi la pression des défenseurs de l'environnement qui les ont accusés de « vider les océans ». Le commerce de détail a donc également été contraint d'endosser ses responsabilités.

Lorsque la pêcherie de harengs néerlandaise a obtenu le label MSC en 2006 et que le secteur des supermarchés s'est engagé peu après à opter pour le 100% MSC, les Pays-Bas sont devenus d'un seul coup le leader mondial de la pêche durable. Cela a donné à la pêche durable le coup de pouce dont elle avait besoin à l'époque. Monsieur Derichs explique : « D'un petit groupe d'amis qui a commencé par dilettantisme, nous sommes maintenant une norme mondiale largement soutenue et reconnue. Non seulement nous, mais l'ensemble de la chaîne a modifié sa  vision et sa philosophie. De plus en plus d'entreprises veulent coopérer et souhaitent prendre leurs responsabilités. » 

La norme qui engendre ce changement

Le fait que la pêcherie de harengs néerlandaise ait obtenu le label MSC a eu un bel effet secondaire : les pêcheries de harengs d'autres pays ont également voulu obtenir le label pour que leur propre hareng reste vendable. C'est un bon exemple de la « théorie du changement », base fondamentale de la stratégie du MSC. La théorie du changement est notre roue de la fortune. Avec notre label, les consommateurs prennent conscience qu'il existe un choix durable.

En tant que MSC, nous nous adressons aux détaillants pour savoir quelles espèces présentes sur leurs rayons ne sont pas encore labélisées. Avec ces informations, nous nous rendons auprès des pêcheries pour les encourager à travailler de manière plus durable et ainsi obtenir le label MSC. Des parties indépendantes déterminent si ces pêcheries répondent à la norme. Une fois certifiées, le MSC peut les aider à commercialiser leur poisson sur les marchés du monde entier. La boucle est ainsi bouclée.

Le changement commence dans les rayons

Le MSC utilise donc le marché pour stimuler un changement durable dans les pêcheries. Le rôle des supermarchés est donc déterminant à ce sujet. Ruth Broekaert est responsable de la durabilité auprès de ALDI en Belgique. Par expérience, elle sait que le choix entre durable et non durable n'est pas la responsabilité seule du client. « En tant que discounter, nous avons un impact important et donc aussi une énorme responsabilité. En outre, nous devons nous engager plus volontairement dans la durabilité, sinon il n'y aura plus de poisson à vendre. »

Le label MSC facilite la tâche des clients d'ALDI, car ils sont assurés que le produit qu'ils achètent est bon et durable. En outre, MSC est un partenaire fiable pour le supermarché. « Notre partenariat avec MSC et le choix d'un label fiable et indépendant s'inscrit pleinement dans nos valeurs fondamentales : fiabilité, responsabilité, simplicité. Une prochaine étape importante dans la coopération serait de se concentrer davantage sur le processus précédant la certification par le MSC, afin de soutenir les pêcheries qui veulent devenir plus durables. »

Un équilibre entre économie et écologie

Quelque 20 % des captures de poissons dans le monde font désormais partie du programme MSC. Dans la pêcherie néerlandaise, ce pourcentage est même de 58 %. La procédure d'obtention du label MSC est particulièrement stricte et contraignante. De nombreuses pêcheries considèrent même que la barre est bien trop haute. Gerard van Balsfoort poursuit à ce sujet : « Les pêcheries qui respectent la durabilité souffrent maintenant parfois de pêcheries non labélisées. Par exemple, le certificat pour la pêche du maquereau de l'Atlantique Nord-Est est devenu caduc parce qu'aucun accord n'a été conclu sur les modalités de capture, alors que les navires de PFA respectent les quotas de capture. »

D'autre part, les défenseurs de l'environnement et d'autres ONG considèrent que la barre est trop basse. Le fait que les intérêts soient si divergents montre qu'un cadre de travail indépendant comme le MSC est nécessaire pour amener les différentes parties à la table des négociations et prendre des mesures en faveur d'une pêche plus durable.

Une sélection succincte des succès de 25 ans de MSC :

Le cabillaud : le « poisson de retour » du Grand Nord

La flotte de cotres de harengs néerlandais sont les moteurs de la pêche durable.
En 2006, la pêche néerlandaise de harengs a obtenu le label bleu de qualité MSC. De bons exemples suivent alors :  La pêcherie néerlandaise de 19 autres espèces a suivi et obtenu le label MSC, tout comme les pêcheries de harengs dans les pays voisins.

Les supermarchés aux Pays-Bas et en Belgique s'engagent avec MSC

En 2007, les supermarchés des Pays-Bas ont pris l'engagement d'adopter une politique 100 % MSC. En Belgique aussi, le label MSC est la condition d'achat déterminante pour le poisson sauvage.

Quick, McDonald’s et IKEA ne vendent que des produits de la mer labélisés MSC

Quick (2004), McDonald's (2011) et Ikea (2015) annoncent qu'ils ne vendront et n'utiliseront que des produits de la mer certifiés MSC dans leurs produits. Avec des centaines de succursales dans toute l'Europe, ces grandes chaînes ont un impact considérable.

Les crevettes grises obtiennent le label bleu

Grâce à une coopération intensive, les pêcheurs de crevettes allemands, danois et néerlandais obtiennent le label MSC en 2017. En Belgique, cela a un impact important, puisque 50 % de la consommation totale de crevettes grises y est consommée.

Fish for Good

Le projet Fish for Good, une initiative du Marine Stewardship Council co-sponsorisée par la National Postcode Lottery, est un projet de quatre ans qui a aidé des pêcheurs en Indonésie, au Mexique et en Afrique du Sud à rendre leurs pêcheries plus durables, à restaurer les stocks de poissons et à contribuer ainsi à la santé des océans.

Et si nous nous portons 25 ans en avant ?

Les 25 dernières années ont prouvé que stimuler et récompenser les pêcheries durables et la coopération entre les pêcheurs, les scientifiques et les détaillants crée un mouvement vers un poisson plus durable dans les magasins et dans nos assiettes. Vous pouvez vous aussi vous engager ! En optant toujours pour le label MSC lorsque vous achetez du poisson sauvage. Mais est-ce bien suffisant ?

S'agissant d'une pêche véritablement durable à l'échelle mondiale, nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir, 1/3 de l'ensemble des stocks de poissons sont encore surpêchés. Et ce, alors que la population mondiale croissante a besoin de plus en plus de nourriture provenant de la mer. Une étude publiée dans la revue scientifique PNAS indique que si tous les stocks de poissons étaient gérés de manière durable jusqu'à 16 millions de tonnes de poissons en plus pourraient être capturées chaque année. Cela permettrait à 72 millions de personnes en plus de subvenir à leurs besoins quotidiens en protéines. Alors comment faire pour accentuer ce mouvement de durabilisation de la pêche ?

Une bonne gestion passe par de bons accords et une coopération à long terme. La force du programme MSC réside dans la reconnaissance et la récompense des pêcheries qui s'engagent dans la durabilisation. Nous continuerons donc dans cette voie en redoublant d'efforts. La première grande étape de changement est que 30 % de tous les poissons sauvages capturés soient gérés de manière durable d'ici à 2030.

Vous voulez en savoir plus sur les défis que nous relevons ? Lisez l'article de référence « Le poisson durable ne connaît pas de frontières ».